Cette semaine, nous poursuivons notre série de portraits de ceux qui font et imprime l’art de vivre « à la bruxelloise ». Et nous découvrons un homme génialement… fou !
Point de suspense inutile. Cet homme, c’est Michel Delvosalle. Un vrai bruxellois dans l’âme. Le célèbre architecte paysagiste est de ceux qui, par sa créativité originale, embellit nos vies et nos villes. Il avait donc toute sa place dans cette saga consacrée à l’art de vivre.
C’est l’unanimité : les jardins et les paysages de Delvosalle expriment une force et un particularisme qui les rend uniques. Mais pour l’architecte paysagiste « Chaque projet est différent, chaque jardin est unique. Je connais la noirceur du monde, mais je choisis de toujours en rechercher la beauté. Je l’exprime à travers les jardins, la peinture, le dessin, la photographie et, depuis ma plus tendre enfance, la sculpture. Métaux, pierres, bois, toutes ces matières en apparence inertes m’ont donné des occasions d’exprimer le vivant ». C’est aussi dans cette vision multidisciplinaire que notre homme du jour se démarque. Ce sont ses nombreux talents conjugués qui lui permettent d’avoir une vision globale et qui rendent ses créations si admirables.
Quand on écrit que Michel est fou mais génial (ou l’inverse), un exemple est assez parlant. Il s’agit d’un projet qui, en 1995, se promettait de transformer l’environnement morne et triste du canal bruxellois, entre Anderlecht et Laeken, en une sorte de Jardin des Tuileries puissance 10. Ceci, avec aménagement des berges, nouvel habitat, loisirs aquatiques, liaison gare du midi – gare du nord en vaporetto. Mais laissons raconter la suite par l’architecte lui-même « Tractebel m’avait donné carte blanche pour imaginer le futur de Bruxelles par le développement de cette zone du canal, ou comment recréer de la vie, avec de l’eau, à l’échelle d’une ville orpheline de la Senne polluée et en majeure partie canalisée depuis 1867. Tractebel n’a pas voulu prendre la responsabilité d’aller plus loin. C’était un projet audacieux qu’aurait pu porter un Président français. En Belgique, il n’y avait pas une autorité pour assumer ça. C’est assez mon genre de m’emballer et de viser des choses qui ont l’air complètement utopiques. En même temps, avec la technicité et l’expérience acquises, j’étais convaincu que c’était assez réaliste, qu’on pouvait le faire, et que Bruxelles le méritait ». Un grand rêveur, ce Michel Delvosalle ? Surtout un vrai bruxellois qui aime sa ville au plus profond de lui-même et qui veut la faire aimer.
Un des dadas de notre homme a toujours été l’eau. L’eau, symbole de la vie ! « C’est mon fil conducteur, même si ce n’est pas une obligation. Je trouve qu’elle donne de la vie au jardin, le vent fait des risées à sa surface, elle sert de miroir au ciel. L’idée est d’avoir un jardin agréable en toutes saisons, été comme hiver, et de moindre entretien, avec un mélange de fleurs et de graminées dont la couleur s’exprime aux premières gelées, avec des haies ondulantes taillées et des arbres fruitiers à haute tige qui faisaient à l’origine partie du paysage d’Uccle et de la périphérie. L’essentiel ce sont les avant-plans et le point de fuite qui donnent une profondeur de champ, comme si l’espace, où l’esprit divague et s’évade, n’avait pas de fin ». On y est ! Notre interlocuteur du jour voit également son métier comme une poésie.
Si Michel Delvosalle tient à son ancrage bruxellois, il se sent belge aussi. Mais existe-t-il un style de jardin « à la belge » comme on en connaît « à la française » ou « à l’anglaise » ? « Cela doit exister… puisqu’une Française m’a demandé de lui en faire un, à Bruxelles et en Sologne. C’est bien sûr très difficile à définir, et j’ai tendance à y associer ma propre notion des arts du jardin. Mais c’est avant tout quelque chose qui correspond à notre état d’esprit de gens sans prétention, qui ne se prennent pas la tête et vivent simplement. Si l’on s’en tient aux stéréotypes, je dirais qu’il s’agit d’un compromis bien de chez nous entre le jardin anglais, la nature et le romantisme. Et pour le jardin français, les structures fortes ». N’est-ce pas la meilleure solution, finalement, de prendre le meilleur des deux côtés et d’en faire un melting pot à la belge ?
Pour rêver encore plus, retrouvez le portrait complet de Michel Delvosalle dans le dernier magazine de LOBBY ICI.
En attendant, savez-vous d’où vient le mot jardin ? Eh bien voici : le terme jardin remonte à un gallo-roman « hortus gardinus ». Ce qui signifie littéralement « jardin entouré d’une clôture », composé du latin « hortus » (jardin) et d’une langue non attestée de la basse Germanie d’alors, avec le mot « gardo » (clôture).Cette étymologie suggère que le jardin se doit d’être clos pour être protégé de l’extérieur et bien entretenu à l’intérieur.
Voilà qui est dit !
Voilà qui est dit !