La Boverie, un passé sublimé

La Boverie, un passé sublimé

©Mathieu Joiret

Héritage de l’Exposition Universelle de 1905, l’ancien Palais des Beaux-Arts, niché dans le verdoyant parc de la Boverie (Liège) s’est vu transformé en un ambitieux projet culturel où se croisent créations contemporaines et collections historiques. Véritable travail de mémoire, la collaboration entre le cabinet liégeois p.HD et l’architecte français Rudy Ricciotti offre à ce patrimoine une identité audacieuse.

 ©Mathieu Joiret

Comprendre pourquoi le bâtiment a été construit, par qui, comment, ses transformations, son évolution. Cette connaissance essentielle précède l’analyse critique qui définit comment agir de façon juste. « Certains bâtiments pourront supporter des interventions visuelles fortes sans être dénaturés, tandis que d’autres non », explique Gilles Hambücken (cabinet p.HD). « Une des façades nous permettait de faire preuve d’audace tout en respectant l’existant et l’ambition initiale du projet qui avait, lors de sa construction, laissé une façade en réserve pour une extension future ». L’intervention des architectes, plus de cent ans plus tard signe l’évolution logique de ce patrimoine.

 ©Mathieu Joiret

Après avoir brossé le portait du site, l’implantation d’une extension pour répondre au programme était une évidence. « L’extension s’accroche au bâtiment sur une façade laissée aveugle, en briques, dessinée pour recevoir une extension dès l’origine et donc très peu travaillée par rapport aux autres élévations construites en pierres ». Le bâtiment initial était novateur, technologiquement à la pointe de la construction. Sa structure métallique d’une incroyable finesse n’était pourtant pas assumée à l’époque, ce qui explique son habit de pierres de style Louis XVI et ses décors intérieurs qui cachent sa très délicate structure. S’appuyant sur cette audace
technique, R. Ricciotti a proposé une extension toute en béton précontraint performant, donnant l’impression d’une feuille de papier appuyée sur des colonnes très graphiques. « Pour la partie ancienne complètement restaurée, nous avons veillé, toujours dans le souci de continuité du lieu, à maintenir et à accentuer ses qualités, notamment en préservant l’éclairage naturel zénithal des grandes verrières des salles du rez-de-chaussée ainsi qu’en aménageant les sous-sols en
nouvelles salles d’exposition ».

La conservation du patrimoine revêt une importance fondamentale pour notre avenir. Cependant, dans un souci de durabilité, il est primordial de s’assurer que le bâtiment restauré aura une fonction, une vie. C’est là un des enjeux de la restauration, et une de nos responsabilités d’architectes : veiller à ce que cette fonction soit compatible avec le bâtiment et en aucun cas aliénante ou dévastatrice.

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