Le Royal Golf Club du Sart Tilman est réputé pour son ambiance conviviale, son accueil chaleureux, la beauté de son terrain mais également… pour ses greens ô combien diaboliques et rapides.
Tous les golfeurs qui s’y sont frottés ont sans nul doute été – souvent voire très souvent – déboussolés par ces greens dessinés à l’origine par le célèbre et excentrique Tom Simpson. Rappelons que les golfs de Morfontaine, de Fontainebleau et de Chantilly en France, de Muirfiled en Ecosse et de l’Antwerp, de Spa et du Hainaut en Belgique font partie des nombreuses œuvres de cet architecte anglais. Soucieux d’offrir des infrastructures de qualité à ses nombreux membres et aux joueurs visiteurs, le club, présidé depuis 2016 par Patrick Renard, a entamé un chantier de rénovation de ses greens, vieux de 85 ans, en 2016. L’objectif premier de cette rénovation n’est pas de rendre le terrain plus facile mais bien de remplacer le substrat, c’est-à-dire la base (ou la couche) qui accueille le gazon. Il va de soi que la topographie de certaines zones, devenue parfois trop marquée par l’affaissement des greens au fil des années, est revue tout en gardant la griffe RGCST. Historiquement, les greens du RGCST ont été construits sur de la terre argileuse, naturellement présente sur les hauteurs de la Principauté de Liège, où s’élèvent de nombreux vieux et remarquables pins. Les inconvénients de l’argile ne sont pas méconnus du grand public : elle est difficile à travailler et s’engorge vite lors de fortes pluies. Compact, un sol argileux empêche aussi une bonne circulation de l’eau et de l’air, un enracinement profond. Pour améliorer ce type de sol, on doit procéder à des aérations mécaniques régulières et utiliser du sable pour le rendre plus drainant.
Du neuf !
Un support neuf composé d’un lit de graviers de granulométries différentes, d’un mélange de terre, de sable, de lave et de mycorhizes (pour une épaisseur totale d’environ 45 centimètres) et un plan de drains bien étudié permettra à l’eau de s’évacuer plus rapidement lors d’épisodes de pluie et rendra par conséquent les greens plus praticables (par le temps humide qui caractérise bien la Belgique) pour nos férus de balle blanche. A l’heure d’écrire ces quelques lignes, ce sont 5 greens, à savoir ceux du 5, 8, 10, 11 et 12 qui ont déjà été rénovés entre 2016 et 2023. A partir de cet automne 2024, les trous 13, 14 et 15 verront leur green passer par le processus de réfection, qui sera, i-une nouvelle fois, supervisé par l’architecte Dimitri Van Hauwaert, spécialiste en matière de Simpson notamment. L’objectif poursuivi est de terminer la rénovation complète des greens du « back nine » en 2027. Le RGCST profitera de ces travaux d’ampleur (et d’autant plus justifiés au vu des derniers mois pluvieux que nous connus en Belgique) pour reshaper ses greens – c’est-à-dire leur donner une nouvelle forme et de nouvelles ondulations plus « catholiques » -, revoir leur système d’arrosage automatique, créer de nouvelles zones de drainage (en forme d’épis) et reconsidérer la conception des bunkers, sans en changer pour autant leur emplacement. Le challenge sera de taille puisqu’un timing (défini depuis le mois de juin) de 6 semaines, entre le 16 septembre et le 30 octobre, a été établi pour la réalisation de ces travaux, alors que le jeu continuera à se dérouler dans d’excellentes conditions.
Tant les équipes internes que des entreprises externes se succèderont lors des différentes phases successives, à savoir :
- la préparation des zones (marquage des zones, préparation de greens temporaires pour le jeu, abattages, fraisage…) ;
- le terrassement et shaping, réalisé par un professionnel ;
- la mise en place des drains et du système d’irrigation ;
- la pose du nouveau substrat ;
- la pose de la nouvelle base dans les bunkers (Capillary concrete) ;
- le ratissage et la finition (dont les dernières modifications de relief) ;
- le « placage » manuel du gazon, livré sous forme de rouleaux
Pour la dernière phase, l’expérimenté greenkeeper du RGCST, Jean-Jacques Le Clement, et le comité terrain ont opté pour l’agrostide stonolifère (agrostis stonolifera), provenant d’Espagne et déjà utilisé pour les greens les plus récents. En conditions naturelles, l’agrostide blanche est une graminée qui se développe le plus souvent dans les bois, sur les accotements, dans les prairies humides, dans les tourbières saumâtres et les rives. En générale, elle a besoin de beaucoup de soleil mais pousse également bien dans les endroits légèrement ombragés. La croissance de cette graminée est horizontale ce qui apporte une meilleure densité et une recolonisation rapide des zones endommagées par le jeu (trous…) ou des stress biotiques. Cette densité permet aussi des tontes plus rases, avec une bonne tolérance jusqu’à 3mm. Elle est connue pour la finesse de la texture de son feuillage qui procure de la fermeté au green. On la trouve principalement dans les régions froides (tolérance jusqu’à -15 degrés Celsius) et humides. Les travaux préalable (substrats) à la pose de cette graminée, livrée en rouleaux, sont très importants. En effet, une couche riche en éléments nutritifs et bien perméable, une structure de sol assez fine, une acidité suffisante combinée à un bon approvisionnement en eau sont les conditions les plus adéquates pour l’agrostide blanche. Des sols compacts (comme l’argile) ne sont pas adaptés à l’agrostide blanche. Ce gazon remplacera donc le « bon vieux » Pâturin annuel (Poa Annua), moins résistant aux maladies et qui demande un entretien très important. Il est à noter que, dans le but d’éviter une invasion trop importante de ce Poa Annua, le RGCST procède à 5 sursemis (technique visant à ajouter des semences pour compléter la flore existante) par an avec 3 types d’agrostide blanche. N’oublions pas l’abattage de certains feuillus (en accord avec l’Université de Liège, propriétaire du terrain sur lequel est implanté le terrain de golf) qui sera effectué afin de mieux exposer les greens à la lumière du soleil.
Le Sart Tilman se donne clairement les moyens pour mettre un terrain de qualité à la disposition de ses 900 membres joueurs, déjà enchantés par les travaux réalisés jusqu’à présent !