Nous arrivons peu à peu à la fin de notre série à propos de ce vaste sujet qu’est le patrimoine immobilier iconique et vertueux. Et LOBBY a décidé de donner la parole à un architecte, un peu artiste, un peu poète, un peu philosophe…
Bruno Erpicum. Les gens qui s’intéressent au marché immobilier ont déjà tous entendu ce nom. Passionné par les grands maîtres comme Niemeyer, Mies Van der Roye, Frank Lloyd Wright, notre homme aime casser les codes, voyant l’architecture comme une vraie discipline artistique.
Une rencontre avec Bruno Erpicum (ou l’une de ses constructions) est aussi inspirante que déroutante. Ses conceptions comportent des pièces d’eau, des patios, des fenêtres à des endroits improbables : elles sont vues comme des solutions variées et étonnantes pour ouvrir les espaces et apporter de la lumière à l’intérieur. « La lumière vibre sur les rochers tout comme sur la façade de notre bâtiment. Les strates horizontales formées dans le béton recevront la poussière déposée par le vent et, ensuite, les mousses s’y développeront, la vie est embarquée ». On savait qu’il était artiste, on le découvre poète ! C’est tout naturellement que la revue LOBBY est parti à sa rencontre.
Si Bruno Erpicum peut parfois nous perdre tant ses idées sont hors des sentiers battus, il est avant tout profondément moderne. Il explique d’ailleurs sa démarche ainsi : « L’abolition de toute forme de décoration au bénéfice de la justesse des proportions guide ma réflexion depuis bientôt 40 ans. Quatre réflexions pour 4 décennies ponctuent notre travail : composer avec l’architecture moderne, intégrer les techniques, pérenniser les matériaux pour remplacer le vieillissement par la patine et enfin, réfléchir et agir pour que le bâti respecte, voir sublime l’environnement ».
Et quand on lui demande, concomitamment à cette modernité, quel est le bâtiment qui symbolise le plus notre époque, notre interlocuteur préfère se tourner vers l’avenir : « Je préfère la question : quel est le bâtiment, en Belgique ou dans le monde qui illustre le chemin que nous devrions suivre ? Et Erpicum de vous inviter à méditer sur le travail de Renzo Piano qui a dessiné le centre culturel de Tjibaou (Nouvelle-Calédonie). Ce lieu magique, chargé de sens, de symboles, de sincérité et d’émotion, réunit les cultures du Pacifique et de la modernité ». Mais, pour autant, notre homme n’oublie pas les projets belges : « La création belge fait, elle aussi, preuve d’une remarquable vivacité ! Je citerais la maison Berteau construite par l’architecte Louis-Herman de Koninck, la villa Dirickz de Marcel Leborgne, la maison d’angle moderniste d’Henry Van De Velde et la Maison Guiette de Le Corbusier ». Des projets bien à l’image de Bruno.
Enfin, le monde de la construction subit actuellement des profondes mutations. Les techniques évoluent et les méthodes d’hier sont définitivement obsolètes. Mais c’est un mouvement global. La technologie modifie nos façons de travailler quel que soit notre domaine de compétence. Pour les architectes, par exemple, il est possible aujourd’hui d’illustrer son projet par des images ou une immersion réelle à l’aide de visuels ou d’équipements
« 3D ». Qu’en penser ? « Il s’agit d’un bel outil lorsque le projet est totalement abouti. La réplique virtuelle est très fidèle, mais elle marque la fin de la poésie. La magie des échanges en phase d’avant-projet, illustrés par des croquis, des dessins réalisés avec un crayon, reste la plus belle des écritures. L’imagination ouvre le champ de tous les possibles, de tous les rêves qui élèvent le projet toujours en équilibre avec le milieu urbain ou la nature qui l’entoure ».
Pour en savoir plus sur cet homme hors du commun, autant passionnant que passionné, rendez-vous dans le nouveau magazine LOBBY !
Et si nous profitions du week-end à venir pour redécouvrir quelques bâtiments iconiques qui ont métamorphosé le paysage chez nous ? Voilà une bonne idée, non ?