Porsche célèbre cette année un double anniversaire, deux événements à très haute valeur symbolique. Quel meilleur moment pour retracer – à la vitesse d’une voiture de Stuttgart – l’histoire de cette marque qui n’en finit pas d’aller de l’avant ?
“Au début, je cherchais la voiture de mes rêves. Comme je ne la trouvais pas, j’ai décidé de la construire moi-même.” Cette citation de Ferdinand “Ferry” Porsche est fondatrice de l’esprit créatif qui anime la marque depuis 75 ans. C’est donc il y a trois quarts de siècle que se concrétise le rêve d’un brillant ingénieur qui, après avoir mis son talent au service de grandes marques allemandes comme Daimler, Auto Union ou Horch, voit la naissance d’une voiture qui porte son nom. Cette voiture, c’est la 356, qui pose les fondations de la marque sportive innovante, voulue par son fondateur.
Pas comme les autres
Et ces fondations sont solides, puisque le concept de base ayant présidé à la conception de la 356 est toujours d’actualité – et toujours aussi unique – 75 ans plus tard. Personne n’ignore que la 356 reprend d’ailleurs les bases techniques de l’autre œuvre majeure de Ferdinand Porsche, la Volkswagen Coccinelle. Comme cette dernière, la première Porsche faisait le choix d’un moteur “à plat”, positionné tout à l’arrière de la voiture. Une architecture particulièrement contre-nature dans le cas d’une voiture sportive, puisque le poids du moteur a tendance à la déséquilibrer dans les virages. C’est pourtant exactement ce qui fera le succès de la 356. Car la légèreté extrême fait partie de ses autres qualités, grâce à quoi ce modeste moteur, placé à l’arrière, est exploité comme personne ne pouvait l’imaginer. Porsche se fait donc une place en compétition, et aussi dans le cœur d’une clientèle fortunée. Les choix techniques inhabituels faits pour la 356 sont donc les premiers de la marque, mais celle-ci s’en fera une spécialité. Que ce soit pour le turbo, la transmission intégrale, la boîte de vitesses à double embrayage, le châssis piloté électroniquement, le contrôle de traction et on en oublie, c’est Porsche qui a montré que toutes ces technologies avaient non seulement leur place sur une voiture de sport, mais qu’elles en amélioraient à la fois les performances et l’agrément au quotidien. Et cela nous amène à l’autre événement important évoqué plus haut : l’anniversaire de celle qui inaugura la plupart de ces technologies…
60 ans de 911
Si la 356 a jeté les fondements de ce qu’est Porsche, c’est quinze ans plus tard qu’arrive celle qui devient instantanément et jusqu’à aujourd’hui LA Porsche dans l’inconscient collectif. Sortie du crayon de Ferdinand “Butzy” Porsche, petit-fils du fondateur, la 911 est plus que la Porsche. C’est l’archétype de la voiture de sport au volant de laquelle tout le monde peut s’imaginer. Elle fait rêver sans intimider, et même si elle est désormais un symbole de statut social, on sait dans 100% des cas que ce n’est pas pour cela, ni pour se faire valoir, qu’on choisit une 911 mais par passion pure. Et elles sont rares, les voitures de sport et/ou de luxe qui ont gardé une âme aussi pure…
3 questions à Didier T’Serstevens, directeur Porsche Belgium
L’Éventail – Que retenez-vous de ces 75 années de Porsche?
Didier t’Serstevens – Dès le moment où l’on m’a proposé de reprendre la direction de Porsche, j’ai rapidement constaté que s’il y a bien un mot qui définit la marque et tout ce qui tourne autour, c’est la passion. Des ouvriers de l’usine aux concessionnaires, en passant par les clients, les responsables des événements et du marketing, ceux des programmes sportifs, j’en passe et des meilleures… On a le sentiment que la marque insuffle la passion aux gens, autant que les gens insufflent leur passion dans Porsche. C’est à mon avis pour cela que la marque est toujours au top après 75 ans. Et je suis convaincu que ça va être le cas encore pendant les 75 prochaines années.
– On célèbre aussi cette année les soixante ans de la légendaire 911. Quelle est pour vous l’évolution la plus importante que le modèle ait connue ?
– Il y a certainement de nombreuses évolutions à retenir, mais celle que je désire souligner en particulier est l’adoption des contrôles de traction et de mobilité. Je m’explique: de tout temps, la Porsche 911 a été une voiture de passionné, une voiture de rêve. Mais pour utiliser son potentiel, il fallait disposer de sérieuses aptitudes au pilotage. La réputation de la 911 pouvait donc faire peur à toute une catégorie de clients qui étaient amoureux de la voiture, mais la craignaient en même temps. Avec les aides électroniques, non seulement la sportivité de la 911 a été mise à la portée de tous, mais il est devenu encore plus facile et plus sûr de la conduire 365 jours par an. Paradoxalement, le contrôle de traction et de stabilité a donc fait sauter les barrières de la passion. Pour le dire autrement, ça a permis de considérablement élargir la fan base de la 911, puisque ces dispositifs ont convaincu les moins experts, sans rebuter les conducteurs et conductrices les plus pointu(e)s.
– Si vous aviez une baguette magique, qu’est-ce que vous changeriez à l’histoire de Porsche ou à sa situation actuelle?
– À l’histoire de Porsche, rien. Par contre, je profiterais de la baguette magique pour faire un saut dans le futur. J’irais voir si les ingénieurs de la marque ont raison – et je le pense – de croire que l’avenir sera fait de plusieurs solutions où, potentiellement, une cohabitation serait envisageable, par exemple, entre les voitures électriques et les voitures thermiques utilisant du carburant synthétique quasi neutre en CO2. Actuellement, ce sont les deux pistes dans lesquelles Porsche investit activement, tant par sens éthique que par passion. J’ai hâte de découvrir comment les ingénieurs de Porsche vont traduire ces défis en nouvelles opportunités.
Article écrit par Stéphane Lémeret, paru sur Eventail.be. Retrouvez d’autres articles sur l’actualité de l’art et de la culture, mais aussi celle du gotha, du patrimoine, de la mode, de la déco, de la gastronomie et de l’entrepreneuriat sur www.eventail.be.