Dans son dernier ouvrage Devenir écrivain, Alexandre Lacroix revient sur les étapes intimes et parfois douloureuses de la création littéraire. Un livre qui mêle confidences personnelles et réflexions universelles sur l’art d’écrire, dédié à celui qui fut son compagnon de
route, Pierre Lepère.
Tout commence en 1998, lorsque Lacroix publie à seulement 22 ans Premières volontés (Grasset). Un premier roman marqué par un drame fondateur : le suicide de son père alors qu’il n’était qu’un enfant. Depuis, l’écriture s’est imposée comme une nécessité vitale, presque une vocation, nourrie dès l’âge de six ans par des réveils matinaux consacrés au papier et au stylo.
Mais le désir d’écrire ne suffit pas. Encore faut-il rencontrer ses passeurs. Ce fut le cas avec Pierre Lepère, poète publié chez Gallimard, devenu sans-abri avant de revenir à la littérature. « Il m’a accompagné, conseillé, fait énormément lire. Ce fut un compagnonnage, presque artisanal », raconte Lacroix. Loin de l’image idéalisée d’une muse, Lepère fut un mentor concret, capable de mettre les mains dans un manuscrit, d’en couper les excès, de montrer l’essentiel.
Car pour l’écrivain, la coupe est un geste central : « Devenir écrivain faisait 800 pages au départ, j’en ai retiré la moitié. Couper allège, dynamise, laisse de l’espace au lecteur. » Une exigence qui rappelle que la littérature s’apprend, comme la musique ou la peinture. C’est ce constat qui a conduit Lacroix, aux côtés d’Elise Nebout, à fonder l’école d’écriture Les Mots, afin de donner aux aspirants auteurs un lieu où se transmettre les savoir-faire.
De ce parcours, Alexandre Lacroix tire une conviction : on ne devient jamais écrivain seul. L’écriture est une aventure de partage, de rencontres et de coupes franches, où l’intime rejoint l’universel.