Scottie Scheffler a remporté son troisième titre majeur, cette fois avec cinq coups d’écart du côté de Quail Hollow, en Caroline du nord. Sa place de numéro un mondial est désormais incontestable. Et incontestée ?
Il en a eu la larme à l’œil, le double vainqueur de la Green Jacket, en montant sur le green du 18 de Quail Hollow, théâtre de la 107e édition du PGA Championship. Scottie Scheffler avait pourtant tué tout suspense depuis longtemps, Jon Rahm, le dernier à résister, ayant finalement aussi craqué. Et ce notamment sur le fameux Green Mile, à savoir les trous 16, 17 et 18 et leurs pièces d’eau qui ont fait des dégâts sur les cartes de score lors des différents tours. Mais le n°1 mondial n’a pas plié sous la pression dominicale pour remporter logiquement le trophée Wanamaker, à onze coups sous le par et avec cinq coups d’avance sur ses compatriotes Harris English, Bryson De Chambeau et Davis Riley. Soit son troisième titre majeur, conquis à chaque fois avec au moins trois coups d’avance, seul Severiano Ballesteros ayant réussi pareille gageure.
Scheffler est resté quant à lui imperturbable, égal à lui-même. Comme d’habitude, devrait-on dire, alors que cela fait désormais près de trois ans qu’il domine le golf mondial. Du moins au niveau du ranking, alors que ses courts putts, principalement ceux entre 5 et 10 putts, lui jouent encore régulièrement de mauvais tours… sans quoi il gagnerait encore plus !

Blessé à la main, et menotté
Imperturbable, Scottie ? Du moins en apparence. Mais il a réussi en tout cas à retrouver un niveau de jeu phénoménal, alors que de nombreux éléments extérieurs se sont pourtant ligués contre lui ces derniers mois. Rappelons ainsi qu’il a été blessé à la main droite suite à un verre brisé alors qu’il préparait des…raviolis pour le dîner de Noël, et qu’il a dû subir une intervention chirurgicale pour retirer des fragments de verre. Ce qui l’a obligé de faire une pause, tout en ratant les premiers tournois de la saison. Pas facile dès lors de retrouver ses sensations de 2024, une année marquée par huit succès, dont le Masters et un titre olympique.
Mais mentalement, Scheffler parvient à être complètement zen dans toutes les situations, en évitant un maximum des excès de colère qui, il est le premier à le savoir, ne servent à rien. Sans doute une leçon suite à son arrestation véritablement lunaire lors du PGA Championship de l’an dernier, suite à une altercation avec un policier US trop zélé alors que, en retard suite à des problèmes de circulation et une météo capricieuse, il essayait de rejoindre le club au volant de sa voiture. Avant de finir menotté et au poste de police, moins de deux heures
avant son départ !
Coaché par Randy Smith
Ses épisodes sont cependant de l’histoire ancienne et bien assimilée pour le N°1 mondial (par ailleurs innocenté), plus fort que jamais comme il l’a montré à la CJ Cup Byron Nelson puis au PGA Championship. Le fruit d’un travail de stakhanoviste repris avec Randy Smith, le coach qui le suit depuis son enfance. Et ses deux premiers titres de l’année après une période où il se montrait trop souvent impatient. A vrai dire, il n’a même pas eu besoin d’être flamboyant, notamment sur ses mises en jeu partant régulièrement à gauche avec son swing aux pieds mouvants si particulier, pour dominer ses adversaires. Outre un zeste de chance, celle qui sourit aux champions, il n’a simplement pas commis de fautes aux moments opportuns, ce qui lui a suffi pour repousser les assauts de ses poursuivants. Ceux-ci sont tous partis à la faute, à l’instar de Jon Rahm qui, revenu à sa hauteur peu après le turn, a perdu cinq coups sur les trois derniers trous pour terminer 8ème et meilleur Européen. Pas de quoi être rassuré au niveau du Vieux Continent à quatre mois de la Ryder Cup. D’autant plus que, Rory McIlroy, dont le driver a été recalé par l’USGA, était cette fois aux abonnés absents, du moins à la course pour la gagne.
Scottie, jeune papa de 28 ans, sera quant à lui le chef de file de l’armada américaine, qui, pour la traditionnelle compétition biennale face aux Européens, n’aura que l’embarras du choix comme on a encore pu le constater lors de ce PGA Championship et l’avènement de nombreux joueurs US inconnus ou presque au bataillon.
Scheffler a dépassé quant à lui les 140 semaines au sommet de la hiérarchie mondiale. Seuls deux joueurs le dépassent à ce niveau : Greg Norman (331) et Tiger Woods (683). Peut-il les battre ? Sans incident majeur, certainement. A moins que Rory, Jon ou Bryson n’élèvent leur niveau de jeu d’un cran supplémentaire…
Hugues Feron
