Mis à jour le 11 avril 2023

Quand une IA fait du Horta

Par Shana Devleschoudere
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À la fin de sa vie, Victor Horta, l’architecte belge auquel on doit parmi les plus belles oeuvres de l’Art nouveau, avait missionné un ingénieur papetier pour détruire quelques 800 kg de ses inestimables archives. Et si l’un des carnets du génial architecte refaisait surface ? C’est en tout cas l’exercice demandé par l’asbl Atabey et les Halles St-Géry à une IA pour l’exposition “Le Carnet Perdu de Victor Horta, quand l’intelligence artificielle interprète l’Art nouveau”.

Le premier volet de l’exposition présente une plongée intrigante dans les imaginaires Art nouveau de l’intelligence artificielle. Les outils générateurs d’images et de textes ont été utilisés pour imaginer des carnets de Horta, en s’inspirant des techniques de l’IA. “Alors que je pensais mon domaine à l’abri du débat qui anime la toile et qui annonce la disparition prochaine de l’humanité sous la botte impitoyable de l’intelligence artificielle, je me rends compte que la révolution est déjà en marche, explique Thierry Wauters, Président des Halles Saint-Géry et Directeur de la Direction du Patrimoine Culturel à urban.brussels

Si la présence de personnalités dans des situations improbables ne fait que renforcer mon esprit critique, des bâtiments ou des objets d’art qui m’étaient inconnus jusqu’ici apparaissent sur la toile. Sont-ils réels ? Parfois, cela semble trop beau pour être vrai, mais en quoi puis-je encore faire confiance. Je suis perdu … Cette exposition est l’occasion de provoquer un débat et de poser des questions sur l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine du patrimoine.”

© Atabey asbl

Ce qui devait être un exercice de style s’est mué en projet d’exposition, pour donner à voir, au-delà des écrans et dans l’espace public physique, un échantillon de ce que peuvent accomplir les IA. “L’objectif, décrit Yuniesxy Fajardo Fuentes Présidente Atabey, n’est pas tant d’exposer un art nouveau que de contribuer à un débat éclairé sur la place de l’IA dans nos sociétés. Nous le reconnaissons humblement : comme beaucoup de citoyens qui s’aventurent sur ChatGPT, Midjourney et tant d’autres interfaces d’IA, nous commençons à peine à entrevoir les codes, les potentialités, les limites et les risques liés aux usages de ces outils. L’exposition reflète ces tâtonnements : elle évoluera au cours des prochains mois, au fil des réactions du public et de l’expérience acquise. Son premier volet a été conçu et produit en quelques jours, en s’appuyant sur les IA que nous souhaitions tester. J’espère que ce projet s’enrichira peu à peu, grâce aux interactions avec le public, car il n’est pas de bien plus précieux que l’intelligence collective.” 

© Atabey asbl

Conçue intégralement en moins de 10 jours par l’asbl Atabey, l’exposition Le Carnet Perdu de Victor Horta est une expérience unique qui invite les visiteurs à découvrir les perspectives offertes par l’intelligence artificielle dans l’univers de l’Art nouveau mais qui est surtout le point de départ d’une réflexion beaucoup plus profonde sur la place que prend l’intelligence artificielle aujourd’hui.


Article écrit par la rédaction de l’Eventail, paru sur Eventail.be. Retrouvez d’autres articles sur l’actualité de la gastronomie, mais aussi celle du gotha, de l’art et de la culture, de la mode, de la déco et du patrimoine et de l’entrepreneuriat sur www.eventail.be.