Mis à jour le 6 juillet 2023

LE BETON PASSE DU GRIS AU VERT…

Par Shana Devleschoudere
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Hervé Camerlynck est ingénieur civil. Sa nomination à la tête de la Febelcem, il la doit notamment à sa fibre écologique. Lors de son passage chez Lhoist, il avait œuvré à la dépollution des fumées. Nous sommes donc en présence d’un homme dans l’air du temps, complètement conscient des enjeux de son époque.

Hervé Camerlynck est ingénieur civil. Sa nomination à la tête de la Febelcem, il la doit notamment à sa fibre écologique. Lors de son passage chez Lhoist, il avait œuvré à la dépollution des fumées. Nous sommes donc en présence d’un homme dans l’air du temps, complètement conscient des enjeux de son époque.

Nous parlons depuis plusieurs semaines d’innovations et de révolutions dans le secteur immobilier. Mais au milieu de toutes ces nouveautés, certains font de la résistance…
 
Dans cette époque où l’écologie est partout, il est un matériau que l’on ne veut plus voir, c’est le béton. On fait du greenwashing. On veut du bois, des vieilles pierres, du naturel, … mais surtout, pas de béton ! Et pourtant, il est indispensable… incontournable même !
 
Je vais vous étonner ici. Les bonnes nouvelles arrivent. Eh oui, l’industrie cimentière (nécessaire pour produire du béton) fait aujourd’hui d’énormes efforts pour réduire son empreinte carbone. Produire du ciment ne devrait même plus émettre d’émission d’ici 2050… C’est en tout cas l’ambition affichée. Noble ambition !
 
Car elle est bien là, l’innovation, voire la révolution. Pour bien comprendre dans quelle proportion le béton veut devenir vert, nous sommes partis à la rencontre d’Hervé Camerlynck, le directeur de Febelcem, la Fédération de l’Industrie Cimentière Belge, qui semblait tout indiqué pour nous éclairer sur ces heureuses évolutions. D’autant qu’il dirige aussi la plateforme infobeton.be, dont nous ne vous ferons pas l’injure d’expliquer l’objet. Sachez simplement que si le béton vous passionne (pourquoi pas d’ailleurs ?) ou, du moins, suscite votre intérêt, ce site va faire votre bonheur.
 
D’emblée, sur l’image négative du béton (qui reste pourtant très utilisé en Belgique), Camerlynck met les choses au clair : « Ce n’est pas le béton qui émet du CO2, mais la production d’un de ses composants, le ciment. Pour rappel, le béton est fait à base de sable, de gravier, d’eau et de ciment, ce dernier agissant comme « colle » pour faire tenir l’ensemble. Ces matières premières sont extraites ou produites en Belgique. L’économie du béton est très ancrée dans les territoires ». Et c’est bien la production du ciment qui est polluante. Sans entrer dans les détails techniques « Produire une tonne de ciment émet 500 kg de CO2. Cependant, l’industrie a déjà réduit ses rejets de 30% par rapport à leur niveau de 1990 ». On est donc sur le bon chemin. Mais il faut persévérer et accélérer la diminution des rejets.
 
 
Hervé Camerlynck est ingénieur civil mécanicien de formation. Son élection à la tête de la Febelcem, il la doit (outre sa compétence) à sa fibre écologique. Lors de son passage chez Lhoist, il avait par exemple œuvré à la dépollution des fumées. Nous sommes donc en présence d’un homme bien dans l’air du temps, complètement conscient des enjeux de son époque : « Notre challenge est d’arriver à la neutralité carbone en 2050. La fédération a publié une feuille de route à ce sujet, et les trois grands groupes cimentiers actifs en Belgique, CBR, Holcim et CCB, ont souscrit des engagements ».
 
Notre interlocuteur n’est pas du genre à enfoncer des portes ouvertes en distillant des poncifs entendus mille fois. Et sur le béton, il est intarissable : « On a tendance à opposer le béton à la verdure, à la nature, alors qu’il offre aujourd’hui énormément de solutions pour rendre la ville agréable, avec des surfaces poreuses, des solutions drainantes, laissant l’eau s’infiltrer, des blocs hyper résistants qui permettent d’en mettre beaucoup moins et de laisser la place aux arbres. C’est de la pierre naturelle reconstituée qui inspire les architectes et permet de réaliser de véritables prouesses. On fabrique quasiment de la dentelle en béton, fibrée, haute performance, capable de supporter de lourdes charges ». Et si le ciment est toujours responsable de 4 à 7 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, l’idée qui présente encore les constructions en béton comme « coûteuses en CO2 à la fabrication et non recyclables » ne se vérifie plus. Dans nos pays développés, cette époque est heureusement révolue. Mais attention, tout n’est pas parfait – loin de là – et le chemin est encore très long. Camerlynck ne le nie pas, mais explique que le processus est en marche : « Les étapes suivantes passent notamment par des investissements dans des techniques de captation du CO2, déjà utilisées par d’autres industries depuis près de 50 ans, mais qui sont adaptées à notre secteur. Il faut bien sûr qu’elles soient viables économiquement pour que le matériau fini reste abordable. On en attend une réduction additionnelle de 35 %. L’objectif est de stocker du CO2 en mer du Nord dans d’anciens puits de réserve de gaz, de l’injecter là où il y avait du gaz naturel, à haute pression, pour qu’il puisse y rester coincé des millions d’années ».
 
Il ne reste plus qu’à nous souhaiter l’efficacité de ces techniques car, et le secteur immobilier n’est pas le seul incriminé, la planète brûle plus que jamais… L’espoir fait vivre comme dirait l’autre.
 
Si vous voulez en savoir plus sur ce matériau multi-usage qu’est le béton, allez en page 52 du LOBBY Spécial Immobilier.
 
En attendant, saviez-vous que le Panthéon de Rome supporte la plus grande coupole de toute l’Antiquité avec 150 pieds romains, soit 43,30 m de diamètre à l’intérieur, qui reste la plus grande du monde en béton de ciment non armé. Impressionnant… et instructif, non ?