Mis à jour le 16 juillet 2024

L’espion qui voyageait

Par High Level Communication
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2D4HDE2 Sean Connery as James Bond Dr. No (1962) United Artists / File Reference # 34000-648THA

2D4HDE2 Sean Connery as James Bond Dr. No (1962) United Artists / File Reference # 34000-648THA

Sean Connery, la première incarnation de 007 au cinéma, sur le plateau de Licence to Kill, tourné entre Londres, la Jamaïque et l’île de Crab Key.

Entre courses-poursuites en plein centre de Rome et plages jamaïcaines avec Ursula Andress, le plus célèbre des agents secrets aurait tout aussi bien pu être agent de voyages…

La vie n’est-elle pas injuste ? Voici un homme capable de conduire comme un champion de Formule 1, de skier comme un phénomène du slalom géant, de nager comme un Olympien, de parler toutes les langues de la tour de Babel, de piloter tout type de véhicule volant et nautique, de chevaucher n’importe quel quadrupède, de plonger de n’importe quelle falaise… et qui finit simple fonctionnaire. Telle est, en bref, l’histoire de James Bond. Bien sûr, son travail n’est pas sédentaire. James trouve fréquemment l’occasion de mettre en valeur toutes les compétences mentionnées ci-dessus. Compte tenu de la quantité et de la qualité des destinations qu’il a fréquentées, certains soupçonnent que son travail d’agent secret n’est en fait qu’une couverture pour son véritable emploi, beaucoup plus délicat, d’agent de voyages. Ou de porte-parole d’une marque de crème solaire : jamais un coup de soleil, pas une rougeur, ni même un petit eczéma, rien du tout ! Les plus malicieux affirment même que 007 ne séduit pas les femmes au gré de ses vacances, mais que le producteur les lui envoie, conquises d’avance. On dit souvent que le touriste voyage en couple ou en groupe, tandis que le véritable voyageur voyage seul. James Bond est toujours aussi splendide et solitaire que le soleil lui-même. Mais à bien y regarder, il pourrait n’être qu’un simple touriste qui, le pauvre, peine à trouver des compagnons de vacances. Car en voyageant avec lui, vous risquez toujours que Spectre fasse exploser votre avion, que votre chambre d’hôtel soit mitraillée à la kalachnikov, qu’une araignée soit glissée sous vos draps, que votre paella de fruits de mer soit rehaussée d’une pincée de cyanure… « Cher James, écoute, je t’accompagnerais volontiers, mais tu sais, avec la flambée des prix… ». Combats sur le funiculaire du Pain de Sucre à Rio de Janeiro, courses-poursuites dans les rues du centre historique de Rome ou dans sur canaux de Venise, fusillades entre chalets tyroliens, fuites en hélicoptère dans les collines écossaises… Au cinéma, tout est épique, c’est vrai. Mais ce sont des imprévus qui pourraient gâcher vos vacances. On a le slogan : « Voyages de 007 – Danger de mort = vacances parfaites ! »

Tout cela pour dire que l’éditeur Assouline, fondé à Paris en 1994, vient de publier un livre signé par le journaliste et écrivain Daniel Pembrey, au titre sans équivoque : James Bond Destinations. Un livre riche de dizaines de photos tirées des films de 007, qui est aux guides touristiques ce que Lewis Hamilton est à l’instructeur auto-école, ce que Batman est à la chauve-souris. Barbara Broccoli, la fille d’Albert « Cubby » Broccoli, producteur originel de la saga Bond, dit que son père « voulait sortir les gens de leur vie et les transporter dans une aventure, vers quelque chose de magique ». Puis à mesure que les voyages sont devenus plus accessibles à l’ère du low-cost, il a fallu « trouver des endroits jamais vus auparavant ou, à défaut, organiser quelque chose de spectaculaire dans un endroit très connu, comme la course-poursuite à travers Rome dans Spectre », raconte le producteur Michael G. Wilson. Pour cette scène, environ quatre kilomètres de route avaient été bloqués de façon à ce qu’aucun passant ne pénètre sur le tournage. Pour Casino Royale, le Grand Canal de Venise avait été partiellement fermé pour la première fois en 300 ans, donnant à Bond la possibilité de le parcourir à bord d’un yacht. Suivre les traces de 007, ce serait visiter les plus beaux endroits de la planète. On estime qu’en soixante ans de films, il a fait une centaine d’étapes à travers le monde). Si vous parveniez à lui arracher cinq minutes entre le sauvetage du monde et le dégrafage d’un soutien-gorge, James Bond serait la personne la mieux placée pour vous conseiller. Un restaurant à Mexico City ? Quel chalet de Cortina d’Ampezzo est le plus exposé au soleil en fin de matinée ? Quels cicchetti commander dans un bacaro vénitien ? Quelle table de roulette de tel ou tel casino est la plus chanceuse ? Sur quelle île grecque, vaut-il mieux acheter une villa ? Comment trouver une place pour un Riva Aquarama dans le port de plaisance de Monte-Carlo ? Avec quelles phrases conquérir une femme du sud de la Chine ? Et près de quelle plage Halle Berry est-elle la plus susceptible de se baigner ? « Tiens, Halle, vous, ici ? », pourriez-vous alors lui dire en la voyant sortir de l’eau. Et si Halle n’est pas là, tant pis, vous pouvez toujours entamer la conversation avec le sable. Car « les destinations ne sont pas seulement des décors. Dans nos films, ce sont des personnages à part entière », disent Michael G. Wilson et Barbara Broccoli.

Bond (Daniel Craig) runs along the rooftops in pursuit of Sciarra in Mexico City in Metro-Goldwyn-Mayer Pictures/Columbia Pictures/EON Productions’ action adventure SPECTRE.

 Toutes les images de cet article sont tirées du livre James Bond Destinations, publié par Assouline.