Ne les appelez plus simplement « tenders ». Les annexes des super yachts sont désormais de véritables extensions de leurs vaisseaux-mères, voire des reproductions à échelle réduite, qui naviguent dans leur sillage.
Par Fabio Petrone
Autrefois, lorsqu’on parlait de tender, on pensait à de petites embarcations rudimentaires, principalement des canots pneumatiques, nécessaires pour débarquer l’équipage ou transporter les provisions du rivage vers le bateau. Aujourd’hui, avec l’évolution des yachts en super yachts, le concept de ces bateaux de service s’élargit et se transforme. Le tender devient ainsi une extension du navire-mère, capable d’en évoquer le luxe, le confort, et les détails personnalisés, et exprimant la passion des propriétaires : s’ils aiment la vitesse, ce seront des vedettes rapides ; s’ils sont passionnés de pêche hauturière, ce seront des bateaux de pêche. Dans tous les cas, le confort absolu est une exigence, et les tenders sont désormais comme des limousines, en grande partie fermés, climatisés, aménagés avec des canapés, des bars et éventuellement des vitres teintées pour garantir la discrétion des occupants. Chaque grand yacht et son tender respectif font partie d’un projet intégré, conçu sur mesure pour satisfaire la passion du propriétaire pour la mer. Plus le yacht est grand, plus le tender le sera également. Il arrive même, plus souvent qu’on ne le pense, que le bateau de service soit si grand qu’il ne peut être physiquement abrité dans les garages du yacht. Dans ce cas, le tender devient une shadow boat, une unité qui suit comme une ombre le navire-mère lors de ses croisières, toujours disponible pour des escapades d’une île à l’autre, prête à être utilisée comme bateau pour une excursion d’une journée, comme weekender si elle est équipée de cabines, ou simplement pour aller se baigner.
Pour comprendre ce qu’un chantier est capable de faire pour satisfaire les désirs d’un propriétaire, il suffit de regarder J’Ade, un megayacht de 60 mètres lancé en 2013 par CRN du groupe Ferretti. Celui-ci a introduit l’innovation du garage inondable sur une unité de cette taille, cela pour accueillir son propre tender. Plus besoin de grue pour les opérations de mise à l’eau et de levage. Simple à dire, tout autre chose à réaliser. Mais c’est un plus que l’on pourrait comparer aux complications mécaniques, qui font de certaines montres des objets d’exception. Le plaisir de pouvoir entrer dans le ventre de son propre navire depuis l’eau, aux commandes de son runabout Riva Iseo de 9 mètres de long, n’a évidemment pas de prix. L’atout majeur de cette solution réside dans le fait que le tender est « garé » dans une zone lounge polyvalente, en continuité avec le beach-club, créant une unique « tender bay open air », un environnement caractéristique en contact avec la mer, très agréable pour le propriétaire et ses invités.
Choix différent pour le propriétaire de Lee, le quatrième exemplaire de Baglietto DOM133 livré en 2023, dessiné par Stefano Vafiadis, dont le nom provient du latin « Domus », pour souligner qu’il a été conçu pour émuler tout le confort de sa propre maison. Une sensation d’être chez soi que le propriétaire peut vivre où il le souhaite, dans n’importe quel décor, même en passant d’un océan à l’autre, puisque l’autonomie de ce 40 mètres est de plus de 4000 milles nautiques. Bien que ce yacht soit particulièrement imposant (sa jauge brute de 398 GT est en effet supérieure à celle d’unités de taille équivalente), il a été impossible de créer à bord un garage capable d’accueillir le Tecnohull 40, choisi par le propriétaire comme bateau de service. Un RIB polyvalent et très rapide, personnalisé comme le navire-mère selon les goûts et les besoins du propriétaire. Long de 12 mètres, il est donc destiné à suivre le Lee partout où il se déplace.
Le MY Virtuosity est un navire de 57 mètres, cinquième unité lancée de la ligne 57Steel que le chantier Sanlorenzo propose à ses clients. Présenté au Monaco Yacht Show 2023, le projet des extérieurs est signé par le studio Zuccon International Project, tandis que l’intérieur et l’aménagement portent la touche de Lissoni. Deux signatures qui font de ce géant – 1.050 GT de jauge brute – un véritable exemple de design contemporain de yacht, affiné pour correspondre parfaitement aux désirs du propriétaire. De la proue à la poupe, à l’intérieur comme à l’extérieur, Virtuosity est une succession d’espaces agréables pour ses invités. L’incroyable beach club de 110 m² comprend une zone Spa avec hammam, sauna et diverses installations de fitness. Pour le plaisir en mer, rien ne manque, du Seabob au wakeboard, en passant par le kayak, l’équipement de pêche, les jeux de plage… Et pour le service, un Ribeye Tender de 7,2 mètres de long, capable de transporter jusqu’à 12 personnes et d’atteindre une vitesse de 43 nœuds.
Le propriétaire du M/Y Soundwave, un 63 mètres de la ligne custom de Benetti, lancé en 2015 et connu sous le nom de 11.11, a fait un choix véritablement exclusif. En l’occurrence, le chantier a réalisé une version miniature du super yacht en concevant sur demande un tender (le premier signé Benetti) limousine couvert de 8 mètres, pour éviter que les invités ne soient décoiffés par le vent. Même lignes anguleuses, et même blanc arctique qui ne laissent aucun doute sur l’association du yacht et de son tender. Cette limousine des mers prend place dans le garage du bateau, à côté des Seadoos, Seabob, toboggans gonflables, paroi d’escalade, etc. Terminons par le FB265, issu du chantier de Livourne appartenant au groupe Azimut/Benetti. Ce yacht offre un confort digne d’une villa luxueuse. Il est conçu pour le bien-être de ses occupants non seulement dans les espaces, mais aussi dans tous les équipements disponibles. A bord, on peut en effet se détendre avec un verre de champagne dans le jacuzzi, nager dans la piscine et utiliser tous les jouets du navire. Construit sur une coque en acier et propulsé par deux Caterpillar qui lui autorisent une vitesse de croisière de 14 nœuds, et une vitesse maximale de 17 nœuds, ce yacht peut véritablement traverser les océans.
Dotés de tout le confort imaginable, les tenders suivent aujourd’hui la philosophie du plaisir maximal.