Depuis plusieurs générations, la distillerie Filliers perpétue un savoir-faire ancestral autour de la distillation des alcools de grain. Héritière d’une longue tradition liée au genièvre, cette maison belge a su évoluer avec son temps, développant une gamme de single malts et de rye whiskeys qui rendent hommage à cet héritage. Bernard Filliers, qui vient de passer le flambeau à son cousin Benoît, revient sur cette évolution audacieuse et sur l’inscription du whisky belge dans le paysage des spiritueux de qualité.

Historiquement, la Belgique possède une solide culture de la distillation, notamment à travers le genièvre, un alcool emblématique du nord de la France, des Pays-Bas et des régions belges comme la province de Liège, où il est connu sous le nom de péket. Ce savoir-faire, bien que reconnu, a dû s’adapter à l’évolution des goûts et des tendances du marché. En effet, alors que la consommation de genièvre pur déclinait progressivement, le gin, son descendant plus international, a connu un essor fulgurant. C’est dans ce contexte que Filliers a pris le tournant du gin il y a une quinzaine d’années, rencontrant un succès notable.

Mais l’ambition de la maison ne s’est pas arrêtée là. Forte de son expertise en vieillissement sous bois, acquise avec ses genièvres de longue maturation, Filliers s’est tournée vers la production de whisky. Contrairement au gin, le whisky requiert un vieillissement minimum de trois ans en fût pour développer toute sa complexité aromatique et répondre aux exigences légales de cette appellation. L’expérience de la distillerie dans l’élevage sous bois – qu’il s’agisse de chêne américain, espagnol ou français – a constitué un atout précieux pour maîtriser cette nouvelle production.

Toutefois, s’attaquer au marché du whisky représentait un défi de taille. Celui-ci est dominé par des géants historiques : l’Écosse, berceau du single malt, les États-Unis avec des marques iconiques comme Jack Daniel’s, et le Japon, qui a su s’imposer grâce à une maîtrise parfaite des techniques écossaises. La Belgique, quant à elle, commence à peine à se faire une place dans ce secteur, avec quelques initiatives notables comme Belgian Owl, dont les résultats restent contrastés.
En misant sur l’excellence et sur une approche artisanale respectueuse des traditions, Filliers entend bien prouver que le whisky belge peut rivaliser avec les plus grandes références internationales. Une aventure audacieuse qui inscrit cette distillerie familiale au cœur d’une nouvelle ère, entre héritage et modernité.