Mis à jour le 8 septembre 2022

Trois petites semaines et puis s’en vont…

Par Shana Devleschoudere
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Qu’on aime ou qu’on n’aime pas le Roi Bâtisseur, personne ne peut contester qu’avec la construction des Serres Royales de Laeken, le Roi Bâtisseur a offert à la Belgique un monument architectural iconique, aujourd’hui connu et reconnu dans le monde entier !

Qu’on aime ou qu’on n’aime pas le Roi Bâtisseur, personne ne peut contester qu’avec la construction des Serres Royales de Laeken, le Roi Bâtisseur a offert à la Belgique un monument architectural iconique, aujourd’hui connu et reconnu dans le monde entier !

Cette semaine, nous débutons une nouvelle série consacrée aux liens entre immobilier et patrimoine, surtout lorsque ces derniers sont iconiques et, actualité oblige, vertueux !
Pour commencer cette belle histoire, nous allons nous intéresser à une oeuvre majeure, qui draine chaque année plus de 100.000 visiteurs, venus du monde entier. Et non, il ne s’agit pas du Salon de l’auto. On en est même aux antipodes…
C’est au printemps que, chaque année, les Serres Royales de Laeken (puisque c’est d’elles qu’il s’agit) ouvrent leurs portes au public, mais pour trois petites semaines seulement. L’occasion de visiter la célèbre serre du Congo, « l’Embarcadère » ou, encore, de se balader dans la longue galerie de verre en fleurs. Tout cela, en plein cœur de Bruxelles mais en oubliant qu’on est dans la capitale, tant on voyage au fil des parfums, des harmonies de couleurs et de l’architecture exceptionnelle qui fait partie intégrante de la visite.
Un petit saut dans l’histoire n’est jamais inutile, particulièrement quand on parle de patrimoine. Il faut se remettre dans le contexte du XIXe siècle, au cours duquel le progrès des techniques du bâtiment et l’utilisation du métal et du verre comme matériaux de construction ont rendu possible un nouveau type de bâtiment : la serre.
En 1873, l’architecte Alphonse Balat (qui fût le professeur de Victor Horta) conçoit, à l’initiative du Roi Léopold II, un complexe de serres dans le parc du Château de Laeken, réalisé en style classique. Le complexe revêt l’apparence d’une ville de verre. Mais ces serres ont alors un effet totalement inattendu : elles inspirent la nouvelle architecture belge de cette époque. Et leur rayonnement va se propager, on le sait, avec l’Art nouveau, à travers le monde entier.
Chaque année donc, ce joyau est ouvert au public. Une tradition vieille d’un siècle. Et l’année passée, le Palais a même innové : les visiteurs des serres ont aussi eu la possibilité de se balader dans… le Domaine Royal.
Si ces serres sont somptueuses, c’est aussi parce que l’actuelle collection de plantes a une triple valeur exceptionnelle. D’abord, il faut s’avoir qu’elle contient encore certaines plantes appartenant aux plantations originelles du Roi Léopold II. Ensuite, les plantations d’aujourd’hui répondent toujours, dans leur ensemble, à l’esprit qui présida aux plantations d’origine. Enfin, les Serres Royales contiennent énormément de plantes très rares, de très grande valeur.
Grâce aux pavillons monumentaux, aux coupoles de verre, aux larges galeries qui parcourent le terrain… on en prend plein les yeux pendant les 90 minutes que dure la visite. Un des temps forts de ce moment est certainement le Jardin d’Hiver : surmontée d’une couronne de verre de près de 25 mètres de haut et de 57 m de diamètre, son ossature en acier ne comprend pas moins de 36 arcs qui reposent sur une colonnade de style dorique. Construite en 1876, elle a donc près de 150 ans et s’apprête d’ailleurs à être rénovée dans un chantier pharaonique.
A côté de ce jardin, vous pourrez aussi découvrir « l’Embarcadère ». Construite en 1886-1887, cette serre était destinée à accueillir les invités lorsque le Roi recevait dans le Jardin d’Hiver ou dans la Serre Salle à Manger. Et, chose amusante, des medinillas (plante tropicale des Philippines) sont disposés dans des vases chinois rapportés par le Roi Léopold II himself, lors d’un voyage en Extrême-Orient.
Mais le plus spectaculaire ici est peut-être ce que l’on ne voit pas : le chauffage ! Eh oui, de telles serres nécessitent évidemment des températures extrêmement précises. Et on peut facilement imaginer comme cela peut grever un budget. Surtout par les temps qui courent… Le régisseur du lieu confie d’ailleurs : « Avant, c’était 450.000 litres de mazout très exactement, alors qu’aujourd’hui, nous sommes quasiment devenus autonomes et autosuffisants ». Comment les gestionnaires du lieu ont-ils réussi de tour de force ? En connectant le réseau de serres à… l’incinérateur de Neder-over-Heembeek, via 4,5 km de tuyaux souterrains qui ont permis d’exporter suffisamment de chaleur résiduelle dégagée par la machine, pour chauffer bâtiments et serres. Et, last but not least, les émissions de CO2 du Domaine Royal ont ainsi été réduites d’environ 2.300 tonnes par an. Près de 90 % de ses besoins en chauffage étant ainsi couverts.
Rendez-vous donc au printemps prochain, dans les plus belles serres d’Europe, en plein cœur de la capitale … de l’Europe !
En attendant, si vous voulez en savoir plus sur cet édifice iconique, devenu vertueux, attendez la sortie du prochain magazine LOBBY (bientôt disponible via ce lien), le mardi 13 décembre prochain.
Et ce week-end, prenez exemple sur les serres de Laeken et leurs gestionnaires : réfléchissez à votre futur énergétique immédiat. C’est bon pour votre portefeuille… et pour la planète !