Mis à jour le 15 février 2023

Hors norme on vous dit !

Par Shana Devleschoudere
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Comment Ilham Kadri, cette femme franco-marocaine, née dans une famille économiquement modeste de Casablanca, est-elle devenue la seule du sexe féminin à diriger une entreprise du BEL20 ? Il s’agit là d’une véritable success-story, comme on les aime.

Comment Ilham Kadri, cette femme franco-marocaine, née dans une famille économiquement modeste de Casablanca, est-elle devenue la seule du sexe féminin à diriger une entreprise du BEL20 ? Il s’agit là d’une véritable success-story, comme on les aime.

Parmi tous les prix remis durant la cérémonie des LOBBY AWARDS, il y en a un qui nous tient particulièrement à cœur, tant par le profil de sa catégorie que par le Lauréat 2022.
Ici, nous devrions plutôt écrire Lauréate puisque l’Award dont on parle est celui du Leadership féminin de l’année. Un prix qui, chaque année, récompense une femme extraordinaire. Et cette année ne fait pas exception puisque qu’il a été remis à Ilham Kadri. Cette dernière avait déjà été nommée par LOBBY. Mais c’était en tant que Révélation de l’année. Alors, sans vouloir trop nous jeter des fleurs, on peut dire qu’on a eu le nez creux.
Pour commencer, il faut reconnaitre que nous sommes ici en présence d’une personnalité hors norme. Et comme souvent, revenir sur la jeunesse et le parcours de quelqu’un de ce gabarit, permet de mieux comprendre comment celle-ci a pu arriver là où elle est aujourd’hui. Allons-y donc !
La vie d’Ilham Kadri se raconte comme un roman se lit. Comment cette femme franco-marocaine, née dans une famille économiquement modeste de Casablanca, est-elle devenue la seule du sexe féminin à diriger une entreprise du BEL20 ? Il s’agit là d’une véritable success-story, comme on les aime.
Une des réponses à cette question réside certainement dans la force de caractère d’Ilham. Un exemple est particulièrement parlant. En octobre 2018, et alors qu’elle vient d’être nommée, un peu à la surprise générale, à la tête de Solvay, une rencontre est organisée avec une poignée de journalistes, mais off the record (micros éteints). Assaillie de questions, la voilà qui prend soudain et habilement la tangente : « À mon tour de vous poser des questions, coupe-t-elle, grand sourire aux lèvres, en regardant les journalistes droits dans les yeux. Et vous, quel conseil me donneriez-vous pour ce job ? » Devant un style aussi direct, un journaliste y est alors allé franco : « Justement, ne vous contentez pas d’être un symbole. » À voir son regard pétillant, la réponse a dû beaucoup plaire à la patronne de la multi-nationale.
Et ce caractère bien trempé a permis à Ilham Kadri de briser aussi beaucoup de tabous. Car, issue ni d’une grande école, ni d’une grande famille, il lui a fallu une sacrée dose de ténacité (en plus de son intelligence bien sûr) pour y arriver. « Il est vrai que sa nomination a fini par ressembler davantage à un fait de société, notamment sur les réseaux sociaux, qu’à une décision stratégique pour l’entreprise », s’amusait d’ailleurs le patron sortant, Jean-Pierre Clamadieu, qui s’était beaucoup impliqué dans le processus de recrutement.
Faire un portrait de cette chimiste de formation, sans parler de sa grand-mère, serait injuste. Car il est établi qu’elle a son mérite aussi dans la réussite de sa petite-fille, elle qui l’a élevée. En effet, c’est Fatima, femme de ménage illettrée, qui recueillera Ilham au divorce de ses parents dans son petit logement d’une pièce. « Je pense à elle chaque jour, elle m’a donné les ingrédients qui m’ont permis de devenir qui je suis ». Une magnifique déclaration d’amour et de reconnaissance !
À cette période de sa jeunesse, Ilham Kadri se réfugie dans la lecture et dévore des auteurs tels que Mishima, Baudelaire, Tahar Ben Jelloun. « Cette nourriture de l’âme m’a permis de m’évader. ». Fatima lui inculque que l’éducation est le seul moyen d’échapper au dicton selon lequel une fille n’a que deux issues dans la vie : la maison de son mari ou la tombe. Une troisième voie en somme. « Avec elle, rien n’était impossible. » La preuve : à 17 ans, malgré une typhoïde dont elle manque de peu de mourir, Ilham décroche son bac, et même une bourse pour étudier en France. La liberté ! Elle rejoint sa mère à Besançon, ville natale de Victor Hugo, pour ses classes préparatoires. Son esprit analytique se pique au jeu des sciences en général et à la chimie en particulier. Diplômée en France et au Québec, elle trouve ensuite son premier job chez Shell, en Belgique. La suite, on la connaît…
Voilà donc une histoire inspirante à plus d’un titre. Ilham Kadri est une femme d’exception et LOBBY, à son niveau, est heureux d’avoir pu la consacrer dans son palmarès 2022.
Si vous voulez en savoir plus sur Ilham Kadri, visualisez l’article de LOBBY sur cette femme extraordinaire ici, en tourne-page, en page 30.
En attendant, savez-vous combien de femmes dirigent une entreprise du CAC40 français ? Orange, Engie et Veolia, soit trois entreprises seulement, sont dirigées par des femmes… Donc, comme chez nous : « Peut mieux faire ! ».