Publié le 19 mai 2023

«Ma vision, c’est d’ajouter une couche de plus !»

Par Shana Devleschoudere
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Francis Metzger est l'âme d'un bureau d'architectes aux multiples réalisations primées (MA2) qu'il a créé au début des années 80 et qui impose le respect ici et hors de nos frontières.

Francis Metzger est l'âme d'un bureau d'architectes aux multiples réalisations primées (MA2) qu'il a créé au début des années 80 et qui impose le respect ici et hors de nos frontières.

Cette semaine, nous continuons à vous présenter le prochain magazine LOBBY Spécial Immo, avec des extraits d’une interview qui va en intéresser plus d’un. Et pas un peu !
 
Le mardi 6 juin prochain sortira le nouveau numéro de LOBBY. Un numéro consacré à un thème très à la mode : « Innovations et Révolutions au service du secteur immobilier ». Nouvelles techniques, nouveaux règlements, réalisations originales, projets innovants… vous saurez tout sur cette profession en pleine évolution.
 
Bien sûr, des experts apporteront leur éclairage. Parmi eux, Francis Metzger. Il est l’âme d’un bureau d’architectes qu’il a créé au début des années 80 (MA²) et qui impose le respect ici et hors de nos frontières.
 
Ce pur produit bruxellois (il est né dans les Marolles), aux multiples réalisations primées, est un passionné dont l’expertise et la créativité s’expriment tout autant dans la restauration du patrimoine architectural que dans les réalisations contemporaines à forte identité. Il était donc normal de lui donner la parole. L’interview intégrale de Francis sera à retrouver dans LOBBY mais en voici déjà quelques extraits, afin de vous mettre l’eau à la bouche.
 
Une des originalités de la pensée de Francis Metzger est sa vision de la ville, pour le moins en décalage avec beaucoup de ses collègues : « J’ai écrit un bouquin avec Luc Deleuze il y a plus de 20 ans. Il s’appelait « La ville recyclée » et allait à l’encontre de la philosophie des modernistes du siècle dernier, une philosophie qui proposait une vision de la ville en opposition avec son histoire. Leur souhait était de la détruire pour en bâtir une différente. À l’époque, leur démarche avait aussi un contenu social, qui était de permettre à tout le monde de bénéficier de ce qui fut longtemps le lot de privilégiés. Mais en raisonnant de la sorte, il n’y a plus de cohérence urbaine. Une ville c’est un peu comme un mille-feuille temporel, avec des couches qui se sont additionnées au fil du temps et qui forment son identité. Avec des rues, des places, des parcs qui sont autant de lieux de vie. Ma vision, c’est d’ajouter une couche de plus, quitte à intégrer les erreurs du passé, plutôt que d’enlever toutes les couches et reconstruire. Je trouve qu’il s’agit d’une attitude urbaine, écologique et responsable. La vision de la ville que je propose s’inscrit dans l’idée du temps ».
 
On ne compte plus les réussites et les exploits de Metzger. Parmi ceux-ci on peut citer la Villa Empain, la bibliothèque Solvay, les maisons Autrique et Saint-Cyr, l’Aegidium à Saint-Gilles, la gare Centrale, les Galeries Louise, le nouveau Théâtre Le Public délocalisé à Uccle, la Royale Belge, les Serres Royales de Laeken, l’hôtel Astoria ou encore les écuries de Fontainebleau. Et la liste est encore longue…
 
Alors, forcément, une question se pose : quel est, non pas son projet préféré, mais le plus important à ses yeux ? « Je dirais l’hôtel Astoria qui, en 2024 dotera notre capitale du palace digne des grands établissements parisiens ou anglo-saxons qui lui manque. Construit en 1910 pour l’Exposition universelle, il a accueilli des têtes couronnées durant près d’un siècle, sans interruption. Pour des tas de raisons, il est fermé depuis dix-sept ans. C’est un projet d’une ampleur et d’une complexité rares qui englobe cinq bâtiments autour de l’hôtel original, avec des niveaux différents. Le nouvel Astoria, sera beaucoup plus grand et luxueux, pour un nombre de chambres à peine légèrement supérieur, avec salles d’eau, wellness, piscine, spa, suites royales et présidentielles de 350 m² dans les étages supérieurs, grandes terrasses. Vous pouvez imaginer que cela engage des montants considérables. Pour autant, ce n’est pas l’ampleur du budget qui rend le projet difficile, mais la symbiose cohérente que l’on ambitionne entre parties historiques, réhabilitées et neuves. Parmi les prouesses de cette rénovation, il y a l’immense verrière qui surplombait le hall d’accueil sur plus de deux étages et qui avait disparu dans les années d’après-guerre. Ses verres convexes et concaves n’étant plus étanches. Elle pesait des tonnes, on a effectué des recherches, et on l’a reconstruite à partir de photos anciennes. On a retrouvé la verrière de 1910 tout en faisant basculer le bâtiment dans le 21e siècle ». Soyons honnêtes, rien que cette description nous donne envie de visiter le nouvel Astoria.
 
Si nous avons réussi à vous mettre l’eau à la bouche, retrouvez le passionnant Francis Metzger dans le prochain LOBBY et lors de notre Forum de LOBBY, qui aura lieu le mardi 6 juin, en soirée, au CBR Building (inscription via sde@highlevelcom.be).
 
En attendant, sachez que son bureau MA2 travaille aussi sur le très compliqué dossier du Palais de Justice de Bruxelles. Ce qui, au vu de ce qui a été dit avant, est plutôt rassurant. Non ?