Publié le 17 novembre 2023

Bruxelles, plaque-tournante d’un certain art de vivre !

Par Shana Devleschoudere
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Honorine d'Ursel, directrice de Dorotheum Belgique, incarne à merveille l'âme bruxelloise de la plus ancienne salle de ventes aux enchères du monde. Fondée en 1707 à Vienne, cette dernière continue de séduire les amateurs d'art, alliant le charme intemporel du XVIIIe siècle à une vision plus contemporaine de l’art.

Honorine d'Ursel, directrice de Dorotheum Belgique, incarne à merveille l'âme bruxelloise de la plus ancienne salle de ventes aux enchères du monde. Fondée en 1707 à Vienne, cette dernière continue de séduire les amateurs d'art, alliant le charme intemporel du XVIIIe siècle à une vision plus contemporaine de l’art.

Art de vivre ou … vivre d’art ou … vivre l’art ? That’s the question ! Et si pour certains la question se pose, pour d’autres, les trois sont indissociables. Et c’est à ces derniers que nous nous intéressons cette semaine.
Dans le petit monde des grandes salles de vente, le nom de Dorotheum bénéficie du même prestige que Christie’s ou Sotheby’s, les géants britanniques des enchères. Il s’agit en effet de la plus ancienne salle de vente au monde. Fondée à Vienne par l’empereur Joseph Ier en 1707, elle doit son nom à la société qui en assure la gestion et dont le siège se situe Dorotheergasse. Et c’est naturellement qu’elle a ouvert sa première représentation étrangère à Bruxelles car, si les ventes internationales ont toujours lieu quatre fois par an à Vienne, notre capitale s’est imposée bien sûr comme une plaque-tournante logique pour rayonner en Europe et aussi grâce à la quantité de collectionneurs que compte notre plat pays.
Il était donc évident que cette Newsletter de LOBBY, ainsi que le magazine du même nom, donnent la parole à Honorine d’Ursel, directrice de la branche belge de Dorotheum qui, donc, compte beaucoup pour la maison autrichienne.
Entrons directement dans le vif du sujet : est-ce que pour notre interlocutrice, à la parole experte sur le sujet, acheter de l’art ou le collectionner est un art de vivre ? « Bien sûr. Dites-moi ce que vous accrochez à vos murs et je vous dirai qui vous êtes. Y compris… si vous ne les accrochez pas. Même ceux qui achètent pour investir, et qui stockent les œuvres en attendant qu’elles prennent de la valeur, définissent ainsi leurs priorités dans l’existence. La plupart des gens achètent de l’art pour vivre avec leurs acquisitions, chez eux, en profiter tous les jours, et peut-être, par la suite, les revendre parce qu’ils ont trouvé autre chose, qui va mieux dans leur nouvel intérieur. C’est une façon de vivre, de s’installer chez soi, avec des pièces qui ne sont pas celles de tout le monde, que l’on a cherchées et choisies. Tableaux, sculptures ou mobiliers, ce ne sont pas des objets fabriqués en masse qu’on peut trouver partout ».
Mais l’art de vivre chez Dorotheum ne se situe pas uniquement dans les œuvres proposées à la vente. C’est aussi une vraie philosophie de vie : « L’endroit où j’exerce à Bruxelles, Rue aux Laines, près du Sablon, est effectivement le reflet d’un art de vivre intemporel. Il s’agit d’un hôtel de maître 18e, hauts plafonds, moulures, grandes fenêtres à petits carreaux, … appartenant encore à la famille qui l’a acquise dans la première moitié du 19e. L’ambiance y est familiale et hors du temps. Les tableaux que nous y exposons, de n’importe quelle époque, modernes, contemporains, anciens, y trouvent miraculeusement leur place. L’art d’aujourd’hui se fond à merveille dans ce décor 18e, il y est d’autant mieux mis en valeur, ce qui le rend aussi intemporel que les murs qui le portent. Le palais Dorotheum à Vienne respire également l’art de vivre d’antan, tout en y associant la modernité indispensable. On y trouve aussi bien une œuvre de Raphaël accrochée aux cimaises de la grande salle qu’une création magistrale d’Anish Kapoor. Avec nous, l’art de vivre viennois s’importe à Bruxelles, mais l’art de vivre bruxellois s’exporte également à Vienne où nombre de tableaux actuels de notre plat pays sont montrés et vendus » détaille Honorine.
Enfin, il faut bien l’avouer, comme presque tous les secteurs liés à la vente, le marché de l’art a été bouleversé par les ventes en ligne. Et la crise due au Covid n’a fait qu’accélérer la tendance : « Le fait que l’on ait réalisé notre meilleure année en plein Covid n’a rien d’un hasard. Les gens ne pouvaient ni sortir, ni voyager. Ceux qui en avaient le goût et les moyens ont réorienté leur budget vers l’art et les bijoux. Tout est passé « on line ». Aujourd’hui, les amateurs recommencent petit à petit à aller dans les salles, mais moins qu’avant. Ils enchérissent de plus en plus en ligne, et avec les photos ou détails de haute qualité dont nous disposons aujourd’hui c’est presque comme si on voyait vraiment l’œuvre et l’état dans lequel elle se trouve ».
L’interview intégrale d’Honorine d’Ursel est à découvrir dans le nouveau numéro de LOBBY, ici. Un numéro qui vous fera découvrir ce que Bruxelles a à vous offrir en termes d’art de vivre. Et vous risquez de ne pas être déçus !
En attendant, savez-vous pourquoi la Rue aux Laines porte son nom ? En fait, au Moyen Âge, la rue aux Laines était appelée «Wollendries» («pré aux laines» en néerlandais) car elle était bordée de terrains servant au séchage de la laine. À partir du XIVe siècle, la noblesse en fit un de ses lieux de résidence favoris. Avec le magnifique Hôtel de Mérode juste à côté qui, entre-temps, est devenu le très couru club TheMerode avec, comme on le sait, un public un peu différent de celui de l’ancien temps 😉