Mis à jour le 29 septembre 2022

Pour en savoir plus sur l’effet Bilbao !

Par Shana Devleschoudere
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Nous poursuivons notre série consacrée aux liens entre immobilier et patrimoine iconique avec un architecte, et pas des moindres, qui en a fait sa spécialité.

Il est loin le temps où les architectes étaient une caste fermée, où toute nouvelle présence était vue comme suspecte et où, surtout, le travail devait rester discret. Aujourd’hui, le métier fait rêver et certains, au rythme de leurs créations toujours plus originales et audacieuses, sont devenus des stars de leurs profession… des starchitectes ! Ce néologisme n’est réservé qu’à une poignée, connus et reconnus dans le monde entier. C’est le cas de celui à qui nous allons nous intéresser aujourd’hui : Frank Gehry himself !
Né à Toronto, au Canada, en 1929, l’enfance et la jeunesse du petit Frank Owen Goldberg (son vrai nom) ont sans doute forgé son caractère hors du commun. C’est souvent le cas avec les grands de ce monde, quel que soit leur domaine d’excellence. On remarque souvent qu’en fouillant dans leur passé, on peut trouver un élément déclencheur qui peut expliquer, en plus de leur talent naturel bien sûr, leur réussite. Chez les Gehry, la vie n’est pas simple. Famille aux revenus très modeste, le père de Frank s’est installé à Toronto après avoir vécu une enfance misérable à New-York où il exerça un certain nombre de métiers. Notre homme, qui n’est encore qu’un enfant, s’évade de la réalité morose d’abord dans les livres. Après avoir étudié le Talmud, il lira Shakespeare, Tennyson et Conrad notamment. La musique sera une autre échappatoire. La musique classique et aussi le jazz. Surtout le jazz !
A ce stade, tout ça ne fait pas un architecte. La vraie révélation se fera à Los Angeles. C’est son père qui l’a poussé à étudier, voyant que le fils qu’il est ne sait pas quoi faire de sa vie. Bien inspiré, il suit les conseils paternels. Il intègre l’Université de Caroline du Sud en 1949 et obtient son diplôme d’architecte cinq ans plus tard. Après une courte incursion à l’Université d’Harvard, où il s’initie à l’urbanisme, il commence un immense voyage d’études, notamment à Paris.
Architecte devenu respecté, il va véritablement changer de dimension en 1997, lors de l’inauguration de « son » musée Guggenheim, à Bilbao, à l’allure sculpturale et aux formes dansantes, défiant toutes les lois de la construction. Son cheval de bataille – l’approche déconstructiviste – atteint là son paroxysme grâce aux logiciels informatiques novateurs de l’aéronautique qui lui permettent d’approcher les formes et ondulations organiques qu’il a en tête. L’impact a été tel que ce musée a permis de sortir Bilbao du marasme économique dans lequel elle se morfondait depuis longtemps L’architecte lui-même n’en revient toujours pas : « Le musée a changé la ville, très différente aujourd’hui de ce qu’elle était quand j’y suis allé la première fois, c’est une sorte de miracle économico-artistique ». On parle carrément « d’effet Bilbao » ! Et tout le monde court après son effet depuis, même chez nous. En effet, la gare des Guillemins de Liège, par exemple (et oserions-nous écrire, bientôt celle de Mons ?) réalisée par Santiago Calatrava, est devenu un des monuments les plus photographiés à Liège.
Les réalisations de Gehry, qui fait désormais l’unanimité parmi ses pairs (et au-delà), nous sont souvent familières, sans toujours savoir que c’est lui qui est derrière. La cinémathèque française à Paris, par exemple, véritable temple des cinéphiles. Toujours à Paris, il y aussi la Fondation Louis Vuitton. Commandé à l’architecte par Bernard Arnault en 2001 pour abriter la fondation de la marque de luxe, l’édifice est un vaisseau de verre entouré d’eau. On peut encore citer pêle-mêle le gratte-ciel Opus à Hong Kong, l’immeuble d’IAC à New York ou encore la Maison Dansante de Prague. Pour cette dernière, c’est budget quasi illimité de la part du groupe ING qui lui fait imaginer et construire ses bureaux. Et Gehry donne vie à un immeuble découpé en deux parties. Visuellement, on pense observer un homme et une femme enlacés, en train de danser dans cette architecture déconstructive.
Dans sa carrière, Gehry a évidemment reçu de nombreuses récompenses, dont la plus prestigieuse est sans nul doute le Prix Pritzker qui peut être considéré comme le Prix Nobel de l’architecture.
Gehry, définitivement un grand homme, inspiré et inspirant.
Vous voulez en savoir plus sur l’architecte-star ? Consultez le nouveau LOBBY via ce lien. On y parle de patrimoine immobilier iconique et vertueux. Et donc de Gehry !
En attendant, posons-nous la question fondamentale suivante : à quand un projet architectural d’envergure pour Bruxelles qui marquera les décennies, voir les siècles à venir ?